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Brasserie E.M.S.

Mémoire d'établissements Horeca

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E.M.S. op der Gare

L’ancienne brasserie EMS, située en face de la gare, occupait des terrains qui appartenaient à l’ancien fort Wedell, construit seulement en 1859. Les premiers terrains du fort furent vendus dès septembre 1868. Les forges et laminoirs de Luxembourg s’y établirent, ainsi que la société S.A. des tramways luxembourgeois en 1874. En face du futur E.M.S.,  le chantier fut ouvert en 1881 pour la construction du chemin de fer à voie étroite en direction de Remich (Jangely). Dès 1904, le « Charly » allait prendre sa course en direction d’Echternach, au même point de départ.

 Café de la Station dès 1881

Situé au 30, place de la gare, « E.M.S. » allait accueillir tant les voyageurs des lignes internationales, que vicinales. Ce fut ici, qu’en 1881 que le cabaretier Holbach avait acquis son terrain au prix de 19.000 francs. Seulement un an plus tard, la fabrique de meubles d'acier Berl & Cie allait s’établir sur la parcelle voisine pour y rester jusqu’en 1937. La rue d’Epernay allait occuper son ancien site de production. Les établissements « Chamgane Mercier », situés en direction de la rue de Hollerich ne creusaient leurs caves qu’à partir de 1886.

Le cafetier Valentin Kaeiffer, originaire de Gasperich, avait acquis en 1902 les locaux de l’ancien Café Holbach ainsi que l’Hôtel de la Station voisin. Cet établissement était spécialisé dans la vente de bétail, tout comme les Hôtels d’Anvers-Walsheim et Kons construits dans la même enfilade en direction de la rue Joseph Junck (plan J.P. Biermann 1907). Ces hôtels disposaient d’accès spécifiques aux cours et aux écuries situés au fond de la parcelle, respectivement sur leurs côtés.  Kaeiffer annonçait qu’il avait complètement rénové les locaux. Il vantait son service à table, ses prix modérés et l’ouverture  de sa maison « zu jeder Tageszeit ». L’offre en meilleurs vins avait été un argument de force pour attirer sa clientèle.

 1935 Brasserie E.M.S.

A partir de 1909 l’Hôtel de la Station avec Café-Restaurant de la Station fut géré par Nicolas Gaasch-Ries, qui insistait sur la « gut bürgerliche Küche ». L’établissement fut vendu aux enchères en 1916 au locataire Schmit avant de passer au cabaretier Jean Brandenburger. Celui-ci allait s’engager dans les années 1920 dans la vente de huiles et graisses pour les machines industrielles. L’Hôtel de la Station proposait 14 chambres réparties sur deux étages. En 1932, une vente de bétail dans la cour de cet établissement produisait un chiffre d’affaires de 92.000 francs! Ces ventes se poursuivaient jusqu’en 1934. L’ouverture de l’abattoir de la ville de Luxembourg en 1929 entraîna peu à peu une réorganisation totale du marché de bétail.  Nicolas Linster-Hoss, ancien propriétaire de l’Hôtel du Commerce à Dalheim et commerçant à l’avenue de la gare reprit en 1926 la gestion de ce qui allait devenir en 1935 la brasserie « E.M.S. – Restaurant » d’Egide Mertens-Schweig, propriétaire de plusieurs cafés au quartier de la gare. Parmi ses établissements, citons le Café de la gare construit entre les Hôtels Alfa et International.  Le Café de la gare était situé en face de la gare alors que le Café de la Sation donnait sur le terminus des chemins de fer « Jangely » et « Charly ». Le Café-Restaurant d’Egide Mertens-Schweig se recommandait pour ses hors d’œuvres  et ses plats froids, ses savoureuses bières Henri Funck, dont les enseignes plongeaient la place de la gare dans une ambiance de grande ville. Le recrutement d’un « Zimmermädchen » en 1935 confirme que l’exploitation comprenait à l’époque également la location de chambres.

 D’un modernisme froid à un caractère intimiste

La brasserie affichait en 1935 un modernisme audacieux, avec ses fenêtres en « guillotine » créant de larges baies sans perte d’espaces pour les châssis. Son mobilier fut très sobre  et élégant, mélangeant au bois plaqué, des plateaux de comptoir et de tables en marbre, traduisant le souci de l’hygiène. Frigo et évier furent encastrés au comptoir. Le comptoir reste traditionnel avec son buffet séparé des clients. Le comptoir fut un espace fonctionnel, non social. Si « le comptoir d’un café est le Parlement du peuple” (Honoré de Balzac), au Café-Restaurant de la Station seul le service à table était proposé. Les chaises de la brasserie avaient été dessinées par les frères Jacob et Joseph Kohn de Vienne, dont le « Palais du Mobilier » en assurait la vente pour les cafés et restaurants. Les cigarettes étaient exposées en vitrines et non accessibles aux clients. La bière sous pression était servie en chopes en grès, le café avec son  filtre argenté, le vin en verre romain à tige verte. Une horloge sur écran d’aluminium dominait la pièce, car au « Café de la Station » il ne fallait pas manquer sa correspondance en trains ! Des tableaux en ardoise annonçaient les plats à prix fixes : viande froide, bien conservée grâce aux frigos, escalope de veau, bouillon ou potage du jour, côte de veau ou de porc.

En 1970, tout ce décor allait changer avec l’agrandissement de la salle. Comme chaque table représente un univers momentané, l’exploitant François Arendt voulait créer plus d’intimité en créant des niches, des compartiments aux fenêtres illusion proposant des vues typiques de la ville et dessinées par l’artiste Jean Klein. Les compartiments en élévation étaient couverts de petites toitures à tuiles pour renforcer le cadre intimiste.   

Le discours syndical se prépare au Café

La brasserie « E.M.S .» accueillait certes une importante clientèle de passage et de voyageurs de trains, mais elle réussit aussi à fidéliser des associations qui s’y donnaient rendez-vous pendant des années. Ainsi, la Société Anonyme pour la construction d’un crématoire y tenait ses assemblées générales de 1946 à 1949. Les syndicats des installateurs-monteurs, des forains et marchands ambulants, des laitiers ambulants, des maîtres ferronniers, des commerçants d’alimentation y tenaient leurs réunions de même que l’association pour l’hygiène populaire et scolaire,  ou la Ligue du Coin de Terre et du Foyer. En juillet 1938, la brasserie

 E.M.S. devient EMS

La brasserie fut reprise par Gustave –Lucien Mertens en juillet 1938. En mars 1939, son frère Egide, allait reprendre la gestion de la brasserie, dancing et grill room « Pôle Nord » à la place de Bruxelles. « Hal Der geren eng gutt Rascht/ bei Gedrenks a feinem Kascht/ dann halt an der EMS Aer Rou / besser fand der et néirewou.“ vantait la publicité en 1939 dans Jonghémecht pour la brasserie EMS.  L’engagement sportif de Gust. Mertens se reflétait également dans la fréquentation de son café- restaurant. Pendant plusieurs années le tour du Luxembourg à bicyclette « Ronde de Luxembourg » prit son départ au seuil de porte de « EMS. ». Le congrès de la fédération cycliste s’y tenait en 1950 avec une participation de plus de 46 associations cyclistes. Gust Mertens offrait à cette occasion la coupe du « grand prix de la gare ». Sa salle au premier étage servait également à des expositions, dont celle sur les radios, cuisinières électriques, frigos et essoreuses et machines à laver fut très remarquée à l’époque. Gust Mertens assurait la gestion de sa brasserie jusqu’au 31 décembre 1960. Guillaume Goldschmit en reprit sa succession à partir de janvier 1961. Goldschmit parvint à obtenir l’autorisation  d’exploiter le passage latéral vers les anciennes écuries comme lieu de commerce ambulant. Le commerçant ambulant Bertoni y vendait des cacahouètes, des saucissons grillés.

  2008 – 2017 la fin d’une époque

Le 27 février 1970 François Arendt reprit la brasserie après d’importants travaux de transformation et la gérait pendant 23 ans. Elle était réputée pas uniquement pour ses plats typiques du terroir, mais aussi pour ses excellentes grillades. Le passage latéral à gauche de l’immeuble fut transformé  à cette époque en restaurant « fast food », la partie arrière intégrée dans la brasserie. Arendt avait également repris, jusqu’en 1991, la gestion de la brasserie « Pôle Nord ». Dès janvier 1993, la brasserie « EMS » fut reprise par Lucien Welbes et comptait toujours parmi les restaurants les plus populaires du Luxembourg. Le 28 septembre 2008, la brasserie déménageait au 69, rue du Fort Neipperg, l’immeuble EMS faisant partie d’un projet immobilier plus vaste dessiné par l’architecte  Ghasem Ghasempoor. Les avis partagés dans les médias sociaux furent à l’époque pleins d’éloges pour la cuisine typiquement luxembourgeoise et plus particulièrement pour les moules au vin blanc. La brasserie Ems a fermé ses portes en 2017. Robert L. Philippart

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