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Buffet de la Gare

Mémoire d'établissements Horeca

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Le buffet de la Gare

L’histoire du buffet de la gare révèle un défi majeur de l’urbanisme du quartier de la gare. Plusieurs formules étaient expérimentées au fil des années. Leur succès temporaire met à l’épreuve toute réflexion tant sur l’aménagement de la gare que de son parvis. L’environnement concurrentiel était élevé avec une concentration de plusieurs hôtels-restaurants / brasseries situés à proximité. La réorganisation de la place de la Gare, suite à l’arrivée du tram, permettra de repenser le fonctionnement social de cet espace, de rechercher une solution pour mieux l’intégrer comme lieu urbain « organique », et en vue de lui assurer une vocation dépassant bien celle d’un lieu de canalisation des flux des voyageurs. Actuellement, le bâtiment de la gare occupe une position de solitaire sur son parvis servant à l’embarquement et au débarquement des voyageurs. Il ne se prête guère à un lieu de séjour.

Du temps de la forteresse

Les plans présentés en juin 1858 pour la construction d’une gare en bois, à Luxembourg, réservaient l’aile gauche de l’immeuble à un buffet pour accueillir et restaurer les voyageurs de train. Le rayon militaire de l’ancienne forteresse n’autorisait point la construction de bâtiments en pierre, mais uniquement en colombage et en bois. Quoique le buffet de la gare existait bien, la publicité du « Chalet de Dallé », situé en face affirmait, qu’en 1864 il assurait la fonction de « buffet de la gare » et de petite échoppe pour les voyageurs en départ ou justement arrivés. Ceux-ci s’y procuraient des bonbons pectoraux rafraîchissants. La clientèle des voyageurs était bien internationale comme l’illustrait, en 1871, le recrutement d’un garçon de salle bilingue, français-allemand. Xavier Vanière exploitait le buffet de la gare à une époque d’importants changements. En 1867, Luxembourg devint une ville ouverte. Entre 1875 et 1904, le tramway, les chemins de fer à voie étroite en direction de Remich et Echternach, la ligne vers Pétange rejoignaient les lignes existantes et assuraient à l’espace le caractère de « gare centrale ».  En 1890 la gare fut agrandie d’une tour avec guichet et de deux ailes, comprenant entre autres un restaurant. Nicolas Wagner-Lentz reprit l’entreprise en 1899. Les plans de construction d’une nouvelle gare, dressés en 1903, prévoyaient deux restaurants, l’un pour les voyageurs de première et de deuxième classe, l’autre était intégré à une salle d’attente pour les voyageurs de troisième classe.

Un attrait nouveau pour la capitale

En 1910, Nicolas Wagner inaugurait avec fierté le « buffet de la gare » aménagé dans la nouvelle gare entièrement construite en pierre. Les plans avaient été dessinés par Alexander Rüdell, d’après le modèle de la gare qu’il avait conçue pour Stralsund ainsi que de la gare de Wiesbaden. Le journal « L’Indépendance luxembourgeoise » appréciait la terrasse qui fut « d’un effet très heureux », mais aussi la salle à manger au bout de la galerie. « Dès à présent, on peut prédire que le buffet de la gare de Luxembourg opérera une grande attraction sur les habitants de l’agglomération et donnera à la ville un cachet qui précisément qui manquait de ce côté-là ». Le restaurant pouvait servir jusqu’à 120 couverts. Nicolas Wagner-Lentz s’assurait l’intérêt de la clientèle en l’invitant toujours à la dégustation de nouveaux produits, tel que des cubes dissolubles de bouillon, qu’ils pouvaient s’acheter pour leur propre cuisine. La clientèle fut typique de celle des gares internationales avec ses couches sociales changeant au rythme des heures et des jours, ses rixes, ses affaires de moeurs. Suite au décès de M Wagner en 1922, le buffet fut mis en adjudication publique et reprit par Victor Schammel-Steinborn, restaurateur et ancien gérant du buffet de la gare de Pétange. En 1931, ce restaurateur francophile soutenait pas un don, l’érection d’un monument en honneur de l’homme politique français et Prix Nobel de la Paix (1926), Aristide Briand. Pour attirer toujours l’intérêt de la clientèle, il organisait pendant l’Entre-deux-guerres des courses aux plateaux pour garçons de salle. En 1947, Schammel recommandait son établissement pour « Restaurant connu, très renommé », sa Cave « des meilleurs crûs » et les Apéritifs de la  marque « D’Union ».

« Péckvillchen, « De neie Buffet », „Sandwicherie“

A partir de 1964 l’établissement allait être géré par  G. Pirrotte, qui avait fait ses classes à l'Ecole Hôtelière de Lausanne. D’importantes transformations de l’espace du buffet de la gare, venaient de subdiviser l’ancien buffet sur deux niveaux. Dès les années 1960, le « buffet » devint progressivement le rendez-vous incontournable pour des assemblées générales d’associations culturelles, syndicales, de conférences de presse, de conférences publiques, voire même de soirées électorales. Le restaurant accueillait également des fêtes de familles, dont les déjeuners à l’occasion de la première communion, sont restés dans la mémoire des aînés.

En 1969,  à côté de sa brasserie au rez-de-chaussée, au premier étage, un  restaurant de luxe,  le „Relais Gastronomique" allait voir le jour.  « Cadre choisi, service stylé, bonne cuisine, un peu trop copieuse peut être. Les gros mangeurs y trouveront leur compte, les raffinés moins » notait à l’époque l’hebdomadaire le « d’Letzeburger Land ». En 1971, G. Pirotte inaugurait son restaurant  „Peckvillchen". Procédant d'une authentique inspiration patriotique le nouvel établissement ajoutait une dimension originale à la restauration de la capitale. Le restaurateur n'avait d'ailleurs pas manqué de s'entourer de conseillers folkloriques, gastronomiques et artistiques, ce qui l'avait amené à offrir, dans un cadre reflétant cette inspiration, plus d’une vingtaine de spécialités luxembourgeoises. Ce qu'il y avait de plus original ce fut sans doute sa formule du self-service.

Après un nouvel réaménagement du bâtiment des voyageurs et la création d’une galerie marchande couverte dans l’aile renfermant le buffet, une nouvelle formule d’exploitation, « Den neie Buffet » allait s’offrir aux consommateurs en 1991. L’établissement proposait une caféteria offrant un plat du jour, un buffet chaud et froid. L’espace « véranda » vantait « son excellente cuisine du marché », et le bar « Rotonde » servait des plats « toute la journée ». L’établissement accueillit les premiers clients dès à 4.30 heures et les servait jusqu’à 24 heures. Le brunch dénommé « Sonndeskascht » visait à rattraper, le dimanche, le fléchissement, des clients navetteurs de la semaine.

Entre 1998 et 2001, Léa Linster, lauréate du Bocuse d’Or 1989, exploitait, au premier étage, une brasserie haut de gamme, le « Buffet de la Gare ».

Avec l’arrivée du TGV à Luxembourg en 2007, toute l’infrastructure de la gare fut à nouveau réaménagée. L’espace restaurant au premier étage fut récupéré par des services propres aux CFL. Olivier Pirotte ouvrait une sandwicherie, donnant sur le hall des voyageurs et proposait un espace lounge avec un service à table et en été sur la terrasse. L’établissement accueillit voyageurs et résidents de 06.00 heures à 22.00 heures. Fermé pour cessation de bail, le 31 décembre 2017, il est prévu d’ouvrir, fin 2018, un nouvel établissement, sous une nouvelle forme. Robert L. Philippart

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Historique