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Café Jentgen

Mémoire d'établissements Horeca

Café Jentgen

Les cafetiers font de la « Place d’Armes » le salon de la capitale

La place d’Armes a seulement perdu son caractère militaire suite au départ de la garnison prussienne, en septembre 1867. Celle-ci défilait chaque jour devant le corps de garde principal de la forteresse de Luxembourg qui se dressait jusqu’en 1902 à l’emplacement de l’actuel bâtiment du Cercle.

Jusqu’en 1870, une aubette protégeait le puits à la place d’Armes, et ne permettait guère la circulation libre. Il fallut attendre l’inauguration du kiosque à musique en 1873 pour voire le site se transformer en lieu de rencontre. Les concerts organisés par les harmonies et les fanfares d’entreprises attiraient de plus en plus de monde, surtout masculin. La promenade ombragée à la place Guillaume était alors réservée aux dames avec leurs enfants. Le temps libre après le travail, les rendez-vous après la messe à la cathédrale, donnaient naissance aux cafés qui allaient border la place d’Armes et qui lui assuraient peu à peu sa fonction de « salon de la capitale ».

30 ans plus tard, la place d’Armes est déjà trop petite. Elle fut agrandie par l’intégration de l’ancien jardin ayant appartenu à l’immeuble hébergeant actuellement la Cour des Comptes. En 1902, le Café Jentgen inaugura ses locaux, en face de ce jardin transformé en square pour accueillir le monument « Dicks/Lentz.


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Le rendez-vous après le travail

„Das Café Jentgen war nicht ein Lokal, es war vier, fünf, sieben acht Lokale. Jede Ecke drin, jede Tischgruppe war ein Lokal für sich und war vormittags ein anderes Lokal als nachmittags, um 18 Uhr und ein anderes als um 24 Uhr. (...) Mal traf man die Spitze der Gesellschaft, Politik, Wirtschaft, Mal waren es Bürobeamte, die barhaupt zur Hintertür hereinkamen, um sich in Eile einen Humpen zu genehmigen. Denn im Durst sind alle gleich.“ (Batty Weber).Le surnom „Gis“ en référence à son exploitant Sigisbert Jentgen, pour désigner le Café Jentgen rappelle la popularité du lieu et le caractère jovial du patron. L’illustration montre une clientèle presqu’exclusivement masculine. Une horloge placée au-dessus du buffet du comptoir indique à chacun l’heure. Le citadin moderne est pressé : prescription des heures de travail, horaires des trams et des trains. Rentrer à l’heure oblige, car on est attendu chez soi. Et pourtant la bière pression et l’Augustinerbäu furent si délicieux ! Déjà en 1900, la presse clamait à propos du stand de Sigisbert Jentgen à la Schueberfouer « Beim Jentgen ass de Béier echt – duer geet all Mensch e puer de pötzen » (De Lëtzebuerger, 25/08/1900). La bonne ambiance s’entrenait grâce aussi à des concerts de salons et des thés pour la jeunesse citadine.
 

Tirer profit d’une nouvelle situation

L’architecte Pierre Kemp, un des grands maîtres de sa profession avait conçu les locaux sur le modèle des brasseries à l’étranger. Son projet tirait profit de la nouvelle situation et proposait une terrasse en face du monument Dicks/Lentz. Kemp exploitait à plein l’orientation méridionale du bâtiment en ouvrant de larges baies sur l’ensemble de la façade et en assurant ainsi au local une illumination et une aération parfaite.
 

L’intérieur comme reflet du goût de la clientèle

La hauteur sous plafonds était élevée, des peintures et ornements en stucs ornaient les murs, les colonnes étaient décorés aux motifs de marbre en trompe l’œil. Tout l’intérieur respirait une certaine noblesse bourgeoise. Les fenêtres à guillotine représentaient à l’époque une nouveauté à Luxembourg. Elles permettaient d’ouvrir tout l’espace et de fusionner l’intérieur avec l’extérieur de la place d’Armes. Les clients aimaient s’installer près de ces larges fenêtres pour voir et être vus. Le journaliste Batty Weber soulignait cet aménagement comme une nette plus-value par rapport aux autres cafés existants autour de la place. A l’étage, une grande salle était prête à accueillir des réunions d’associations, dont celles de la chorale « Les Enfants de Luxembourg », respectivement de l’association des ingénieurs luxembourgeois. Le café est donc bien un lieu fédérateur de la vie sociale. Ici de nombreuses décisions politiques, voire économiques se prennent, sont préparées.

Le Café Jentgen ferma ses portes en 1925. Il céda la place à l’immeuble prestigieux « Palais du Mobilier » dessiné par l’architecte Léon Bouvart.

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Sigisbert Jentgen fut également présent à la Schuberfouer où il proposa la cuisine typiquement luxembourgeoise

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Historique