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Café Wintersdorf à la place de l’Etoile

Mémoire d'établissements Horeca

 

Café Wintersdorf à la place de l’Etoile

Lorsqu’en 1891 le café Wintersdorf ouvrait ses portes à la place de l’Etoile, ce site se trouvait encore bien à l’extérieur de la ville. Certes, le parc existait déjà, le boulevard Joseph II venait d’être aménagé et les constructions suivaient doucement. L’établissement était situé à l’entrée du Rollingergrund et n’avait comme voisins le cimetière Notre Dame, le champ du Glacis et la route d’Arlon qui avait gardé le caractère d’une chaussée champêtre.

Réunion secrète pour la construction d’une gare

En 1896, une réunion secrète se tint au Café Wintersdorf au sujet de la construction d’une gare de chemin de fer au Glacis. Le cafetier soutenait le projet,  à condition que la gare ne fusse établie sur sa propriété. Le projet allait se concrétiser en 1904 avec la construction de la gare des marchandises de la ligne en direction d’Echternach (Charly). Celle-ci contribua jusqu’en 1955 au développement de petites et moyennes industries  dans ses alentours. L’absence de gare de voyageurs fut palliée par l’aménagement d’un arrêt du tramway.
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Une place de marché privée

Dès la première guerre Mondiale le nom un second Café « Ross-Winterdorf » ouvre en face. En 1924, l’établissement passa aux mains de Nicolas Tonnar. Ce fut en 1929, que le café allait porter le nom « Café-Restaurant Jacoby-Wampach », puis » Ross Witry ». Le vrai Café » Wintersdorf » porta fièrement son nom en lettrage de zinc en couronnement de sa toiture, ainsi que sur sa façade.
L’immeuble présentait 35 m de façades vers la route d’Arlon et 14 m vers la place de l’Etoile. Le terrain incluait, outre l’immeuble du Café, un jardin avec pommiers entouré d’un mur. Il offrait son cadre aéré, malgré la proximité de la gare de marchandises, comme lieu de prestations de concerts offerts par la maison. Au premier étage de l’établissement se trouvait une salle de réunion pour les associations qui y avaient établi leurs sièges, dont la «Société  télégraphie sans fil », l’ »association des professionnels techniques et de secours mutuels des conducteurs d’autos », ou encore le « Radio Club » dans les années 1930. Ce fut au « Wintersdorf » que les cheminots du  « Charly » se réunirent pour lancer leurs revendications sociales. Le « Arbeiter-Unterstützungs-Verein »  et les pompiers cantonaux y organisaient leurs assemblées générales. Ces associations proposaient des conférences sur des sujets techniques avec des orateurs de marque, dont le directeur des Siemens-Werke de Berlin, ou des ingénieurs paysagistes. Ce lien avec les milieux techniques permettait aussi, en 1926, l’exposition, en coopération avec un garagiste de Merl, de wagons d’un train « express » ayant circulé sur le continent américain Un tel projet ne pouvait se concrétiser que grâce à un terrain spacieux. Le Café Wintersdorf, offrait une place de marché privée pour y organiser des ventes publiques de voitures, d’automobiles, de calèches, de bétail, de milliers de poutrelles de chemins de fer. Le café fut aussi un lieu régulier de ventes aux enchères d’immeubles et de biens meubles, dont des vins luxembourgeois proposés en tonneaux ou en bouteilles.


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Une clientèle de passage

La clientèle fréquentant le « Café Wintersdorf » appréciait les « Hameschmieren », les vins mosellans, la bière « Henri Funck ». Les buffets froids du traiteur Pierre Weitz étaient légendaires. Les concerts annoncés présentaient un répertoire exclusivement luxembourgeois. Les soirées se terminaient par des tournois de jeux de quilles, pour lesquels « ein braver Kegeljunge », logé et nourri, était à la disposition de la clientèle. Depuis 1901, la Clinique Sainte Elisabeth assurait un afflux supplémentaire de clients. Le monde sportif local s’y retrouvait aussi - proximité du stade municipal (1931) oblige. Les soirées de remises de médailles sportives furent  bien arrosées. Mais le deuil réunit également bon nombre de personnes au « Wintersdorf » à partir duquel des cortèges funèbres se déplaçaient en direction du cimetière Notre Dame.  La fin de la deuxième guerre marquait le déclin de l’établissement. L’école d’industrie et du commerce s’y installa en 1945 en attendant le réaménagement de ses locaux à la place Laurent.  En 1948, l’immeuble était laissé à l’abandon. Il fut remplacé par une nouvelle construction et sa place de marché fut convertie en station d’essence. (Rolph)

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Historique