Casino de la gare
„Apollo-Theater“ et „Casino de la Gare“
Ce fut en 1894 que le propriétaire de cirques Fritz Renquin inaugura son «Apollo-Theater» au croisement de la rue de Strasbourg et de la place de Gare. Ce café-théâtre offrait un vaste programme de variétés proposant pa- rodies, acrobaties, concerts, chant, danse, patinage, théâtre, micro-opéras, soirées cinémas et de magie ainsi que des concours de combats d’athlètes. John Grun, l’homme le plus fort du monde, originaire de Mondorf-les-Bains, fut la vedette de la saison 1901 ! Il est surprenant de voir défiler au rythme men- suel des troupes françaises, allemandes ou belges. Le public semble avoir été multilingue. Des matinées et des soirées proposaient ces programmes annoncées dans la « Bürger und Beamtenzeitung » et s’adressant avant tout à une population locale. Les représentations se donnaient pendant plusieurs jours de suite, ce qui confirme le succès de l’entreprise. Les billets pour les spectacles étaient mis en vente dans des magasins de cigares à la ville haute et à l’avenue de la gare. Des prix spéciaux pour groupe étaient offerts et la caisse du soir proposait des remises sur l’entrée.
Tout pour le plaisir
La salle de spectacles disposait de loges et pouvait accueillir jusqu’à 440 spectateurs. Un technicien était exclusivement en charge du montage des coulisses et de l’éclairage. Une table de billard occupait le foyer de la salle de spectacles. Le restaurant pouvait servir 50 tables à la fois. La cuisine et les représentations furent vantées comme étant de qualité, mais furent toujours offerts « aux meilleurs prix ». Les enfants s’amusaient au jardin en jouant à la balançoire ou assistaient à la représentation de contes de fées. Nom- breux furent les associations sportives, culturelles ou de loisirs à élire leur siège à l’«Apollo-Theater», devenu «le Casino de la Gare». Des notaires y organisaient des ventes publiques, les associations y tenaient des bals popu- laires, des soirées concerts, de chant, de danse, de compétition sportive, de théâtre. On appréciait les soirées de jeux aux quilles. A côté du théâtre de la ville de Luxembourg et la salle des fêtes à l’Hôtel de Luxembourg, à la vieille ville, l’«Apollo-Theater» / « Casino de la Gare » fut l’unique café-théâtre de la capitale, hormis le cirque de Fritz Renquin au Glacis, construit en pierres et pouvant accueillir jusqu’à 2.000 personnes.
« Papa Amberg »
Adolphe Amberg fils, s’était porté acquéreur en 1899 de l’« Apollo-Theater ». Il agrandit la propriété d’une parcelle acquise à la société des tramways luxem- bourgeois. « Papa Amberg » fut un entrepreneur bien connu au Luxembourg, exploitant depuis 1872 des cafés, restaurants et cabarets au parc de la ville, à la place d’Armes, au Glacis, et ultérieurement à l’avenue de la Liberté (Vieux Luxembourg). Il avait confié la gestion du « Casino de la Gare » à deux cafetiers.
L’Hôtel de Chicago
Le prolongement de l’avenue de la Liberté de la place de la gare en direction de la place de Paris se faisait par voie d’expropriations. Le «Casino de la gare» empiétait le trottoir, mais ne dut heureusement point subir de transformations. En 1903, un feu ravagea la moitié de l’établissement. Amberg fut contraint de vendre l’ensemble du mobilier, l’équipement de la scène, la batterie de cuisine, le réfri- gérateur, sa machine à produire du chocolat. En 1904, il se décidait à vendre sa propriété au prix de 62.000 francs, encaissant une plus-value de 48 % par rapport au prix payé 5 ans plus tôt. L’ouverture de l’avenue de la Liberté avait amplement valorisé le terrain. Mme Pauly, propriétaire de l’Hôtel de Chicago situé en face, acquit le « Casino de la Gare » et donna 1500 m2 en location au grand magasin
« Champagne », établi à l’avenue de la Liberté, pour y exposer des chambres modèles. En 1907, elle transféra l’Hôtel de Chicago à sa nouvelle propriété et reprit la tradition des spectacles de Renquin et d’Amberg. L’Hôtel Chicago fonc- tionnait jusqu’en 1940. Il céda la place au City Hôtel.