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Hôtel de Cologne

Mémoire d'établissements Horeca

L’Hôtel des Empereurs

Situé à proximité de l‘ancienne Porte Neuve, qui du temps de la forteresse,  assurait l’unique accès à la ville haute par les plateaux, l’Auberge « Aux 7 Souabes »  connut un emplacement de choix, car les diligences postales entre Luxembourg, Bruxelles et Trèves avaient leur départ devant l’établissement. Le plus illustre hôte de cet hôtel fut sans doute l’Empereur Joseph  II qui y séjourna en 1781. Du temps de la Confédération Germanique (1815-1866), la maison prit le nom d’ »Hôtel de Cologne ».  En 1821 un client britannique richissime aurait littéralement jeté son argent par la fenêtre pour le plus grand bonheur des passants.  Les militaires prussiens de rang élevé, des aristocrates, des diplomates et  des fonctionnaires, députés et  des négociants surtout allemands, belges et britanniques fréquentaient cet établissement de qualité.

Un hôtelier crée la première plateforme modale

Ce fut à partir de cet établissement que les émigrants pouvaient organiser, dès 1857, leurs départs en direction des Etat-Unis.  Depuis 1851, Les diligences en partance d’Echternach, Mondorf, de Trèves et de Bruxelles partaient  à l’Hôtel qui acceptait également la remise d’articles de messagerie. L’ouverture d’une gare en 1859 et de la porte Henri (Viaduc) avait entrainé un bouleversement important des flux de passage à l’intérieur de l’ancienne ville forteresse, qui désormais pouvait être traversée du nord au sud. Le nouveau quartier construit à la hauteur de la rue de l’ancien Athénée (1864) offrait des chambres d’hôtels plus proches de la gare. Pour garder sa position sur le marché, l’hôtel de Cologne allait être un des premiers établissements à créer ainsi un service « omnibus » relié aux heures d’arrivée et de départs aux trains internationaux. A partir d’août 1875, l’Hôtel fut également connecté au tramway.

Tête couronnée et vente de bétail à  la même enseigne

Mais l’hôtel fut aussi le rendez-vous de médecins et guérisseurs internationaux, de passage à Luxembourg pour offrir leurs services. Dans le même ordre, l’hôtel fut également un lieu où des marchands en transit vaquaient à leurs affaires. La clientèle intéressée à acquérir des biens de luxe, était avisé par la presse. Mais L’hôtel servit aussi de marché de bétail spécialisé dans les « belles et bonnes vaches hollandaises » (1871). Outre d’importantes écuries, l’établissement offrait un magnifique jardin d’agrément en plein centre ville.

Le propriétaire François Wurth-Fendius accueillait  discrètement, le 8 juin 1867, soit immédiatement après le traité de Londres du 11 mai, le prince Lieutenant Henri pour son séjour à Luxembourg. A plusieurs reprises Wurth-Fendius intervenait dans les questions d’aménagement de la voirie de la ville en cours d’urbanisation.  L’hôtelier allait relaisser son établissement en 1890 à Joseph Weigand, qui exploitait l’établissement avec succès et avait retenu comme clientèle des ministres plénipotentiaires et des diplomates. Faisant toutefois faillite en 1890, il fut arrêté à Coblence.

Promouvoir la culture

En 1892, la maison passait aux mains de Jean Heinrich, un jeune Luxembourgeois  fortuné grâce à un mariage prospère qu’il avait  conclu à Halberstadt. Il investit dans l’hôtel en le raccordant à l’électricité (1894), en installant le chauffage à vapeur, en créant une immense salle des fêtes, en aménageant plusieurs salons qui pouvaient être loués comme ensemble ou individuellement. « Die Prunk-Fremdenzimmer im ersten Stockwerke, welche nur für hohe Gäste, auswärtige Diplomaten und Fürstlichkeiten reserviert sind, werden jedes mit 2 — 3 (elektrischen) Lampen ausgestattet werden“. (Das Luxemburger Land in Wort und Bild N°2, Luxembourg, 1895) Il réussit à donner à l’hôtel la renommée d’un établissement de haute culture. Le journaliste et auteur Batty Weber pouvait y donner les toutes premières représentations de « 3 ass göttlech » et »Eng  Kur zu Bollendorf » (1909). Aux heures de gloire de la plus grande salle de culture au pays, Heinrich allait offrir des spectacles cinématographiques et de piano mécanique (1905), de chant et de  musique classique. Outre, des conférences il organisait encore  des cours de cuisines pour familiariser les femmes avec les nouvelles batteries de cuisine.  En 1911, le „Luxemburger Wort“ reconnaît tous ses efforts comme « ein gutes Stück Volksbildung“.  L‘Hôtel affichait à cette époque le nom de « Grand Hôtel de Cologne ». Son plus grand concurrent était le « Grand Hôtel Brasseur » à la Grand’Rue. Dans le sillage de ces manifestations et spectacles, les associations d’escrime, de gymnastique, l’union commerciale et bien d’ autres y organisaient leurs assemblées générales, leurs bals de saison.  Or, peu avant l’occupation allemande, en juin 1914, Jean Heinrich vend à la hâte ses  produits de cuisine, l’argenterie et l’ensemble du mobilier. L’aubergiste, Jean Toussaint,  acquit la propriété, pour la céder déjà en 1920 à Christian Bintner-Campill, le gérant du Café de la Poste. Toussaint n’avait pas investi  et avait loué les chambres exclusivement à des hommes, soit en pension soit en garni.

Grand Hôtel Metropole

Dès 1920 Bintner renouait avec la tradition de la maison qu’il rebaptisait Grand Hôtel Metropole, sans doute en référence  à l’homonyme bruxellois. Il créa 8 postes d’emploi  dont 5 exclusivement destinés aux femmes desquelles il exigeait des connaissances en langue française. Les cours dispensées à l’Ecole Ménagère Sainte Famille (Fieldgen) lui permettaient de recruter des filles spécifiquement formées à ses besoins. Bintener avait engagé Ed. Rausch comme directeur. Le restaurant servant des huîtres royales, du homard frais, du turbotin, du Contrefilet à la Bordelaise, des grives sur canapé et une exquise confiserie, fut rapidement renommé comme une des plus fines adresses pour gourmets. Le succès fut tel, que le client devait réserver sa table par téléphone. La grande salle des fêtes devint le rendez-vous des nouveaux thés dansants élégants.  Or, au bout de trois ans, Bintener vendait la propriété à Karl. Ferd. Weber qui continua à exploiter  l’établissement sous le même nom.  En 1922, les anciennes écuries disparaissaient, le jardin allait être occupé par une salle supplémentaire intégrant également le Café. Un genre jardin d’hiver servit de  hall d’accueil aux clients. Ce nouvel espace devait rivaliser avec la nouvelle aile de l’Hôtel Brasseur construite en 1918. Or, l’Hôtel Metropole allait fermer en 1928.

De la salle de danse à la salle boursière

La société de la bourse luxembourgeoise avait acquis « Hôtel de Cologne » en raison de la superficie de sa salle de danse et à son éclairage zénithal. Celle-ci allait être transformée en hall d’actions avec 40 cabines téléphoniques. Les anciennes salles d’apparat de l’hôtel furent transformées en salle pour la Commission de la bourse, les chambres devant servir à loger les agents financiers. Les immeubles voisins furent inclus dans le projet «Palais de la Bourse ». Le café « Metropole- Bourse » fut exploité au rez-de-chaussée jusqu’en 1934. En 1966, la Bourse s’installa dans de nouveaux locaux construits  à la même enseigne et englobant outre ses missions, la fonction de logements et de commerces. L’architecte Paul Retter cherchait à valoriser l’immense cour intérieure formée par l’îlot, rue de la porte neuve, rue des Bains, rue Aldringen, Grand’Rue par la création d’une grande cour commerciale. Depuis 2014, la Société de la Bourse est installée au 35 A, Bd Joseph II. (Rolph)


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