Trianon Palace au Glacis
Trianon Palace au Glacis
Robert L. Philippart
Rien ne rappelle plus aujourd’hui l’existence de l’ancien Trianon Palace à l’Allée Scheffer (N°31-33), alors que ce fut un haut-lieu de promotion de notre culture de langue luxembourgeoise, une pépinière d’artistes, de compositeurs et d’écrivains dont les œuvres ont trouvé leur présentation au public.
Promenade publique au pied de la forteresse
Dessinée et plantée en 1821, l’Allée Scheffer faisait partie des domaines de la forteresse et était aménagée comme promenade publique au pied des ouvrages militaires. La promenade du général passant entre les ceintures intérieure et extérieure du front de la plaine (emplacement du parc actuel de la Ville haute) n’était accessible au public que le dimanche et contre paiement de droits d’entrée. La promenade de l’allée Scheffer était ombragée par 315 marronniers plantés sur cinq rangées sur une quadruple allée. Elle était équipée de plusieurs bancs de repos.
La partie inférieure du Limpertsberg placée dans le rayon militaire ne pouvait recevoir de constructions fixes. Du temps de la forteresse, le plateau Limpertsberg ne comptait que 15 jardins, fermes et trois champs de rosiéristes. Ce lieu de villégiature et de promenade publique aux confins de la ville, explique l’établissement de plusieurs « Gartenwirtschaften », tels le Ferrantsgaart, le Westeschgaart, le Rettelsgaart, le Bieweschgaart, le Föhrsgaart ou encore le Liezgaart.
Suite à la suppression de la forteresse, les premiers aménagements urbains commençaient en 1868 ; un plan d’urbanisation suivit en 1875. L’organisation de la Schueberfouer au nord de l’allée Scheffer et du marché aux bestiaux sur le Glacis assuraient à ce site une certaine centralité. Le plan Luja de 1894 visait le rattachement du quartier Limpertsberg en émergence, à l’allée Scheffer et explique le déplacement de la Schueberfouer sur le site du Glacis entre le boulevard de la foire et l’allée Scheffer. Le tracé de grande voirie étant arrêté en 1897, le quartier du Limpertsberg allait se développer en s’inspirant du plan que l’urbaniste allemand Josef Stübben avait élaboré en 1901. Le cirque Renquin qui avait ouvert en 1886 au Glacis, cessa en 1904 son exploitation au profit d’une densification urbaine du quartier.
Café-Restaurant de l’Allée Scheffer
Les origines du Trianon Palace s’inscrivent dans cette période de développement urbain. En 1900, Théodore Gonner-Hansen, maître boucher à Rollingergrund, avait fait construire une maison de rapport jumelée en bordure de l’allée Scheffer. L’immeuble à deux étages présentait quatre appartements à quatre chambres chacun. Le rez-de-chaussée était réservé à des activités commerciales. L’immeuble de commerce et de rapport était raccordé à la canalisation et à la conduite d’eau et offrait des sanitaires à chaque étage. Gonner-Hansen fut encore propriétaire des parcelles voisines. En 1901, il proposait d’abord la maison jumelée en location, puis finit par y ouvrir le « Café-Restaurant de l’Allée Scheffer ». Sur la parcelle sud, il fit construire un chalet avec salle des fêtes, jeu de quilles, écuries et remises. Cette construction lui permit d’accueillir une importante affluence notamment au cours de la Schueberfouer. Cette salle qui pouvait être chauffée proposait également une alternative au cirque Renquin, surdimensionné et dont le délabrement entraînait une fermeture proche. A partir de 1903, Théodore Gonner et Justine Hansen organisaient au « Chalet » des Café-concerts, servaient de la cuisine chaude et froide « zu jeder Tageszeit » arrosée de la bière Emile Mousel.
Le couple introduit ainsi une longue tradition de soirées de concerts, de gymnastique, de danse et de variétés et en faisant de leur établissement un des grands lieux de représentations de vaudevilles de langue luxembourgeoise. La « Lamperstbierger Musek » y donna ses premiers concerts publics. L’exploitation par le couple Gonner-Hansen ne fut cependant que de courte durée. Leur séparation en divorce les obligeait à vendre une partie de leur propriété en 1906. Théodore Gonner s’engagea comme marchand de bétail et aubergiste en ouvrant sur la parcelle voisine lui restant, le Café Rio. Il faut noter que le métier de boucher et de cafetier formaient souvent un couple d’activités commerciales à cette époque. Théodore Gonner qui avait entretemps épousé Catherine Weber cessa son commerce au Café Rio en 1937. Il s’éteignit en 1941 à l’âge de 67 ans.
En 1906, Henri Weitz s’était porté acquéreur du « Café-Restaurant de l’Allée Scheffer ». Weitz était propriétaire des Cafés « Jardin Rettel » existant depuis 1863 et de la « Garten-Wirtschaft Ferrantsgaart » situés à l’actuelle Avenue Louis Pasteur.
A partir de 1908, la « grande salle de M Weitz au Glacis » devint un des hauts-lieux culturels du Luxembourg. Les soirées musicales et dramatiques organisées par la chorale « Sang a Klang » de Luxembourg-Pfaffenthal produisaient des œuvres des compositeurs Gustave Kahnt, Pierre Menager (frère du compositeur Laurent Menager), Alfred Kowalsky. Les œuvres d’Edmond de la Fontaine (Dicks) ne manquaient point au programme. Ces soirées musicales et dramatiques suivies de danse étaient régulièrement organisées dans un esprit de bienfaisance.
Salle Fischbach-Weitz - Orphéon National – Trianon Palace
Suite au décès de Susanne Winkler (1851-1911), épouse de Henri Weitz, leurs propriétés sises au Limpertsberg passaient en vente. Michel Fischbach époux de Thérèse Weitz racheta comme colicitant aux consors Henri Weitz en 1912 « ein in der Schefferalle gelegenes Geschäftshaus mit Chalet » ainsi que le terrain adjacent comprenant des écuries et un entrepôt. L’immeuble jumelé à deux étages datant de 1900 offrait un jeu de quilles couvert et une grande salle de restaurant. Chaque étage proposait 8 chambres et sous les combles étaient aménagées 4 mansardes.
En 1916, Michel Fischbach-Weitz avait fait remplacer le chalet par une salle des fêtes avec scène, fauteuils d’orchestre et balcons. L’autorisation de bâtir stipulait cependant qu’»il ne s’agit pas d’une salle de spectacle proprement dite servant exclusivement à des représentations théâtrales ,mais plutôt d’une salle de fêtes pour réunions, concerts et représentation dramatiques d’amusement (ANLUX, J-090-03534). L’autorisation permit également des représentations cinématographiques.
L’architecture de l’immeuble s’inspirait de l’Art Nouveau. La salle des fêtes à balcon fut à un étage et était éclairée de grandes baies vitrées et aux châssis métalliques. Ces grandes fenêtres empêchaient l’assombrissement de la salle pour les spectacles. Les chaises et tables étaient disposées librement ce qui conduit à un certain désordre et bruit pendant les représentations. Devant la scène se trouvait un parquet de danse, comme l’établissement affichait sur ses marquises à l’extérieur, «Dancing tous les dimanches ». « Die glänzende und geräumige Diele » (Escher Tageblatt, 17/02/1928) invitait également à des concours de danse. La façade symétrique présentait un tympan couronné d’une harpe. Ce même décor faisant référence à la musique ornait également le dessus de la scène. La salle de 336 m2 communiquait avec le grand restaurant installé au rez-de-chaussée de l’immeuble jumelé datant de 1900. Une deuxième salle de restauration se trouvait à l’arrière du bâtiment. La salle de spectacles pouvait contenir jusqu’à 600/700 personnes. Elle comptait en 1934, à l’occasion du concours de musique organisé par l’UNION Adolphe, parmi les quatre grandes salles de la capitale.
Les après-midi en semaine, la salle était également à la disposition des notaires qui y organisaient des ventes publiques immobilières. En 1932, la société luxembourgeoise de radiodiffusion avait loué la salle Fischbach-Weitz pour lui servir de studio provisoire, la villa Louvigny n’étant pas encore prête. La charpente en bois exposée à la vue des spectateurs assurait une bonne acoustique.
A droite de la propriété se trouvait un passage qui donnait accès à des écuries et qui formait frontière avec le Café Rio de Théodore Gonner. Michel Fischbach-Weitz avait fait aménager une terrasse sur le trottoir de sa propriété, un lieu bien en vue sur le marché des bestiaux et qui invitait à savourer les bières Mousel à la fin d’une rude journée passée au marché.
Lors de son projet de construction Michel Fischbach-Weitz dénomma son établissement « Orphéon National », mais la presse relaya le plus souvent comme « Salle Fischbach-Weitz. Le nom de « Trianon Palace » n’apparaîtra qu’en 1934. Ce nom prestigieux rappelle l’Hôtel de même nom à Versailles où avait été préparé le Traité de Versailles de 1919 qui mit fin à la Première Guerre mondiale.
La vie culturelle au Trianon Palace
Le Trianon Palace allait devenir un haut-lieu du théâtre de langue luxembourgeoise, un lieu populaire attirant un public proche de la mouvance en faveur de la reconnaissance politique du luxembourgeois comme langue du pays. Les soirées de comédies proposées se voulaient délibérément former « une contrepartie au théâtre de la ville » (d’Natioun 15/10/1919) c’est-à-dire au théâtre officiel, de langue française et allemande. L’établissement se distinguait également des salles de spectacles au quartier de la gare ou encore de la villa Louvigny, où l’offre culturelle était bien plus multilingue. Le public du Trianon Palace apprécia « den urwüchsigen luxemburgischen Volkston. « Wer bei kaltem Wetter in einem warmen Saal sich krank lachen will, verfehle nicht sich rechtzeitig einen Platz zu sichern » recommanda le Luxemburger Wort le 30 décembre 1927 à ses lecteurs en vue d’une soirée dramatique et musicale proposée par l’Harmonie de Limpertsberg. Ces soirées aux traits parfois musclées amenaient Michel Fischbach-Weitz à aviser son public que « seront expulsés de la salle et punis suivant les dispositions de la loi ceux qui causeront du désordre ou interrompront le concert (L’Indépendance luxembourgeoise 25/01/1925). La salle accueillait également de « grandes soirées carnavalesques agrémentées de comédies. Les soirées dansantes, dans pratiquement toutes les salles de la capitale étaient introduites par des comédies qui assuraient la détente des spectateurs et créaient l’ambiance nécessaire pour une soirée réussie. Même des soirées de lutte sportive ou de « Kunstturnen » étaient complétées par des comédies courtes le plus souvent d’auteurs luxembourgeois.
Les grands jours de recettes pour l’établissement Fischbach-Weitz se firent évidemment les jours de la foire aux bestiaux ainsi que lors de la Schueberfouer. Et pourtant : en 1922, à la veille de l’ouverture de la Fouer, 11 cabaretiers de l’Allée Scheffer s’opposaient par une pétition au Conseil communal à l’ouverture de buvettes éphémères devant leurs établissements. Michel Fischbach allait trouver la solution au problème en proposant des spectacles de théâtre et de cinéma avec en vedette le fameux « Tünnes » du Kölner Volkstheater conduit par la famille Millowitsch. Il réussit à faire de L’Orphéon National « unstreitig den Hauptanziehungspunkt der Schobermesse“ (Luxemburger Wort 20/08/1923). Encore 1929, le passage de la troupe du théâtre Schmidt Esser de Hamburg Sankt-Pauli lui assura 18 soirées complètes! En 1931, le variété « Lachen am rollenden Band“ proposé par la Operettengesellschaft Wuppertal-Elberfeld assurait également à Fischbach-Weitz une salle comble.
Avant 1922, la chorale Sang a Klang de Pfaffenthal ne disposant pas encore de salle propre, se produisit très régulièrement chez Fischbach-Weitz. « Les amis du plaisir », la fanfare « La Luxembourgeoise » organisaient des soirées d’opérette permettant à de jeunes talents de se produire. La liste est impressionnante et mérite d’être citée, si ce n’est pour inciter à des recherches plus profondes. Le Trianon Palace fut la scène pour les comédies d’I. Comes, G. Kahnt, N. Steffen, M. Dahm, N. Wampach, J.Mersch , A. Duchscher, J. Imdahl, G. Lamesch, R. Leclère, Willy Hülsemann, E. Dornseifer, René Hemmer, G. Simon, P. Stümper, G. Hary, A. Amberg. Ces représentations d’amateurs de théâtre et de musique représentent le volet bénévolat du monde associatif et expriment la cohésion des couches sociales. Il faut autant souligner l’engagement en faveur de la bienfaisance de ces associations. La liberté d’expression et de réunion garantie par la Constitution, favorisait ce développement social. Parmi les nombreuses associations organisant des soirées dramatiques et musicales au Trianon Palace on note le « Hollericher Kinderhort «, le « Jünglingsverein der St Josefspfarrei », le « Cercle amical du Limpertsberg », l’harmonie du Limpertsberg, la chorale de Rollingergrund, les « Alstadkanner », la troupe d’acteurs amateurs » La Montmartoise », « Les Amis réunis », la société gymnastique « Le Secours ». Ces soirées étaient ouvertes au grand public, les membres des associations organisatrices bénéficiaient toutefois d’une remise sur le prix d’entrée. La bienfaisance avait autant de visages que la misère : le soutien valut autant aux orphelins qu’aux victimes des bombardements aériens de Bonnevoie en 1917, qu’aux veuves des légionnaires, ou au combat contre la tuberculose. Elle n’était pas réduite au territoire luxembourgeois, car on soutenait également les enfants des écoles du canton de Longwy dévasté par la Grande guerre. La bienfaisance ne s’exprimait pas uniquement par la collecte de fonds suite à des soirées amusantes pour adultes. L’ »Organisationskomitee der Kinderfeste » allait offrir dès les années 1920 au Trianon Palace des spectacles de contes de fées pour enfants. L’association générale des étudiants luxembourgeois s’engageait dans le même sens, en rajoutant à son éventail de conférences et de thés-dansants des spectacles pour familles. L’échange entre associations des différents quartiers de la ville fonctionne : la fanfare de Bonnevoie, la société de gymnastique de Clausen, la société chorale et dramatique « La Fraternelle » du Grund, la fanfare « La Luxembourgeoise » et le cercle des mandolinistes passaient en tournée chez Fischbach-Weitz. Des spectacles ou concerts organisés à l’Hôtel des Postes à l’Avenue de la Gare furent repris dans sa salle pour la population des quartiers nord de la capitale et du Pfaffenthal. Certaines représentations eurent tant de succès qu’elles furent reprises plusieurs fois.
La vie politique au Trianon Palace
Les professionnels du secteur HORECA ont toujours un rôle délicat à jouer dans la location de leurs salles à leurs clients. Leur rôle se limite à la mise à disposition de leurs infrastructures et services dans le cadre des lois et plus particulièrement le règlement sur la police des spectacles en vigueur. Leurs soirées et nuit blanches devaient être autorisées. Personnellement, le cafetier ou restaurateur n’est pas toujours complaisant à ce qui se passe dans ses locaux.
De l’autre côté, le monde politique a besoin de salles bien équipées pour organiser des soirées électorales. En 1917, le conseiller communal Eugène Welter avait invité à une soirée politique chez Fischbach-Weitz pour sensibiliser à la politique d’alimentation suivie au cours de la première guerre Mondiale. A partir de 1932, la Nationaluni’on louait le Trianon pour proposer des comédies à un public familier avec les spectacles en langue luxembourgeoise. Cette organisation s’inspirait du fascisme italien et du nationalisme français aux touches antisémites et fermée sur l’immigration.
L’ironie de l’histoire veut qu’en 1934, l’ambassadeur allemand au Luxembourg, Werner Freiherr von Ow-Wachendorf organisait une soirée dans un établissement qui venait juste de prendre le nom de «Trianon Palace », qui rappelle la préparation du Traité de Versailles d 1919. On imagine à quel point il fut délicat de lui refuser sa demande de location de la salle pour organiser une soirée privée, respectivement pour poursuivre des fêtes commencées en sa résidence et auxquelles des représentants du Gouvernement allaient assister. A l’époque on ignorait que l’Allemagne nazie allait envahir le Grand-Duché 6 ans plus tard. Werner von Ow-Wachendorf, cherchait une salle d’une capacité élevée pour y convier « die in Luxemburg lebenden Reichsdeutschen » pour fêter le 45e anniversaire d’Adolf Hitler, puis à la célébration du « Tag der Deutschen Arbeit ». A l’entrée de la salle, les centaines de conviés pour cette « geschlossene Gesellschaft » devaient présenter leur carte d’identité. Pour ce public, l’ambassade avait décoré la salle de tout le répertoire symbolique du parti nazi. L’organisation de ces soirées privées avait été suivie avec indignation par la presse, mais n’avait pas eu d’impact sur la clientèle. L’association professionnelle et de secours mutuels des conducteurs d’automobiles, l’Union Chorale Grand-Ducale, la chorale de Rollingergrund invitaient peu après à une soirée à opérettes d’Edmond de la Fontaine. La même soirée fut rehaussée par la remise de médailles aux meilleurs conducteurs. L’année suivante, le nouvel ambassadeur allemand, Erdmann Graf von Podewilz-Dürniz organisait une deuxième édition de la soirée du « Tag der Deutschen Arbeit » au Trianon. Pour entrer dans la salle à nouveau festoiement décorée aux symboles du Führer et assister à la conférence du Ministerialrat Ringhausen-Darmstadt et finalement au bal, les « verpflichtete » membres de la « Deutsche Kolonie in Luxemburg » à cette soirée privée devaient présenter la carte de membre du parti NSDAP avec cachet, respectivement leur passeport avec cachet spécial apposé par la légation. La presse rapportait que près de 700 convives auraient assisté à la soirée, alors que les infrastructures n’offraient qu’une capacité totale de 300 à 350 personnes. La « Deutsche Kolonie » réservait encore le Trianon-Palace pour une après-midi pour la jeunesse, ou encore pour fêter la Saint-Sylvestre 1935. L’accueil de ces événements toujours à l’exclusion du grand public n’eurent pas d’impact sur la fréquentation de l’établissement. L’association des gymnastes du Centre, la Chorale Sainte Cécile, la jeunesse catholique, le Syndicat d’Initiative Limperstberg continuaient à y organiser leurs soirées culturelles. En 1937, la publicité pour le Trianon Place clamait qu’il s’agissait de la « salle la plus préférée des Sociétés ».
Café Ferd Wormeringer - Garage Paul Haag
Le 14 janvier 1939, Ferdy Wormeringer reprit « das bestbekannte Café Fischbach-Weitz Trianon“. Avec son épouse, Anny Klein, il y servait des buffets chauds et froids. La concession appartenait à la brasserie Funck-Bricher. L’Harmonie de Limpertsberg et le Syndicat d’Initiative local se réunirent régulièrement au Trianon / Café Wormeringer. Dès la Libération, et la reconstitution des associations dissoute par l’Occupant, le lieu de spectacle revenait à ses comédies avec des prestations du Sang a Klang, de la Fanfare de Clausen. L’association cycliste du Limpertsberg s’y établit avec un stand lors d’une course internationale en mai 1947.
En novembre 1947, les héritiers Fischbach-Weitz allaient vendre leur maison jumelée à deux étages avec salle des fêtes, piste de danse parquetée, scène moderne et jeux de quilles. La propriété d’une contenance de 9,15 a fut offerte ensemble avec la concession d’exploitation. Un passage accordait toujours l’accès aux garages et dépôt situés à l’arrière de la parcelle. Le front de l’allée Scheffer présentait donc encore des interstices, l’espace urbain n’étant pas complétement densifié.
L’agence immobilière Pierre Mathgen-Schmitz acquit la propriété. Fred Wormeringer y continuait à exploiter son Café jusqu’en 1950 pour s’établir ensuite au Café de la Station à Mühlenbach dont il s’était porté acquéreur. Une compétition internationale de boxe en mai 1950 marqua la fin de ses activités à l’Allée Scheffer.
Mathgen-Schmitz divisait sa propriété en deux lots, dont celui couvrant l’ancien Trianon Palace qui allait être vendu en février 1950 à Paul Haag-Federspiel. Celui-ci y allait faire construire en 1950 un « Grossgarage » avec pompe à essence. Il y transférait au 1er décembre 1952 son garage situé jusqu’alors dans la partie supérieure du Glacis. Dans la propriété voisine, dans l’ancienne salle de restaurant de Fischbach-Weitz, Pierre Mathgen-Schmitz exploitait une salle de vente jusque dans les années 1970. Haag exploitait son garage jusqu’en janvier 1972. La Maison Tapis Hertz y installa ensuite son « Tapis-Plain Center ». Les deux immeubles ont disparu de nos jours, la conversion de cette partie de la ville, assurant la jonction entre le Kirchberg et la Ville Haute, en secteur central tel prévu au plan de Pierre Vago (1967) s’est réalisée.