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Casino Luxembourg

Mémoire d'établissements Horeca

Casino Luxembourg

L’idée de constituer le 1er septembre 1880 une société anonyme « Casino de Luxembourg »   exprimait la volonté du milieu des affaires de créer un lieu de détente, destiné à favoriser et à développer la sociabilité entre ses membres. Le but n’était pas de créer un casino de jeux.

Une première Société du Casino existait entre 1818 et 1826. Elle était relayée par l’association « Cercle littéraire ». La » Société Anonyme du Casino de Luxembourg » avait été créée en 1858 pour faire pendant au Casino militaire de la garnison. Son siège était d’abord établi à la rue du Fossé avec une intermittence au Marché aux Herbes. La création de cette société se fit au moment où Luxembourg accédait à l’ère industrielle.

Le plus bel accès à la ville

Au lendemain du Traité de Londres, la ville allait se transformer en centre d’affaires et de décision. Le projet d’urbanisation d’Edouard André faisait du boulevard du Viaduc (Roosevelt), la pièce maîtresse de la ville, car on y accédait par ce pont offrant la ville en panorama. Les bastions Jost, Beck étaient aménagés en terrasses panoramiques. L’entrée du Casino était tournée vers la ville, à la rue Notre-Dame, parce que le boulevard assurait la transition entre la ville et la campagne.

Un monde de notables

La société du Casino assurait l’achat et la revente de vins, spiritueux et comestibles à ses membres et à des tiers. La société réunit des négociants, entrepreneurs engagés dans divers types de manufactures, des industriels. Une vingtaine de hauts fonctionnaires, essentiellement recrutés dans le monde des contributions et de l’enregistrement et des hypothèques, la justice, des personnalités du monde de la finance apportaient leur expertise. Une bonne demi-douzaine d’architectes et d’ingénieurs sillonnaient autour de ce groupe. Le bourgmestre de la capitale, Emmanuel Servais, quelques échevins et députés faisaient partie de la société. Le Consul de Belgique fut l’unique membre fondateur non Luxembourgeois.

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A l’image d’un grand hôtel

A peine constituée, la société acheta en 1880 à l’Etat un terrain s’étendant jusqu’au boulevard Royal. La société du Casino voulant bien représenter un phare dans le paysage urbain, organisait un concours entre architectes pour retenir le projet de Pierre Kemp et de Pierre Funck.

Le Casino s’inspirait des références créées par Charles Garnier ou Edouard Niermans pour les grands hôtels. En 1890, la société vendait son terrain donnant sur le boulevard Royal. La vue sur l’immeuble en provenant de l’avenue Marie-Thérèse fut obstruée dès lors par de nouvelles constructions. Désormais, seul un interstice séparait le casino de son voisin. L’immeuble offrait une salle à manger, une grande salle prolongée côté vallée par une terrasse panoramique.

Une annexe construite en 1904 par l’architecte Antoine Luja comblait l’interstice à la rue Notre-Dame, laissant toutefois libre une partie du terrain donnant sur le boulevard. L’architecte Joseph Nouveau rassurait l’extension du Casino en 1910. Il avait été stagiaire chez Victor Laloux, l’architecte de la gare d’Orsay. Il conçut la salle « Saint Hubert » orné de la représentation de Bacchus et d’une allégorie de l’amitié, un bar, une salle de billard, un jeu de quilles.

En 1922, l’annexe de 1910 fut exhaussée d’un étage et d’un niveau mansardé pour agrandir d’une part la salle des fêtes, et d’autre part disposer de surfaces bureaux. On peut admettre que les embrasures et dessus de fenêtres tournées jusque-là en direction du boulevard Royal furent déplacés et redistribuées aux exhaussements des façades donnant sur le boulevard Roosevelt, respectivement, la rue Notre-Dame. La scène que représentait la terrasse se vit élargie.

En 1929, Joseph Nouveau et son associé Léon Muller exhaussaient le côté gauche du Casino d’un étage attique donnant au bâtiment son aspect actuel. La salle de spectacles fut rééquipée. Cette intervention lourde sur la partie existante explique l’application d’un décor Art Déco pour les intérieurs.

Etoile au Guide Michelin

A l’exposition internationale de Gastronomie et au grand Concours d’art culinaire de 1932, le chef du restaurant du Casino remporta le Prix d’excellence, respectivement la plus grande distinction et les félicitations du jury. Dans les années 1934 à 37 son restaurant portait une étoile au Guide Michelin. En 35/36 le restaurateur portait le titre de fournisseur de la Cour. L’établissement recommanda son restaurant de 1er ordre proposant des menus à prix fixes et à la carte et vantait sa cave pour son grand choix de vins luxembourgeois, français et allemands. Le café-brasserie et restaurant offrait sa « belle terrasse avec vue magnifique » sur le pont Adolphe, une salle de billard, un jeu de quilles, des tables-tennis et un salon de lecture. Il était nécessaire de recruter de nouveaux adhérents et de s’ouvrir au grand public, car depuis 1936, le Golf-Club grand-ducal connut un succès croissant.

Haus Moselland

L’occupant transformait le Casino en „Haus Moselland“ destiné à favoriser l’échange entre artistes de toutes disciplines. Dès 1943, le Casino servait de „Kameradschaftshaus“ aux membres de la NSDAP. Une plaque commémorative fut alors apposée à la façade du Casino pour rappeler le passage de Frantz Liszt au Casino en 1886. Elle fut enlevée après la guerre. Dans le cadre des festivités du centenaire de Liszt au Luxembourg, l’Ambassade de Hongrie en fit apposer une nouvelle plaque rappelant la présence du compositeur à Luxembourg. A la libération de 1945, les officiers américains y établirent leur casino. Le 4 mai 1946, l’ancienne société reprit ses activités après avoir rénové ses locaux.

Foyer européen

En 1958, la société du Casino vendait sa propriété à l’Etat qui allait louer l’immeuble au Cercle culturel de la Haute Autorité de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA). La vente du Casino présentait une opportunité, puisqu’en 1953, la CECA s’était installée en face, à la rue Notre Dame.

L’architecte René Mailliet et l’ingénieur Jean Prouvé, qui avaient travaillés pour le pavillon luxembourgeois à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958, allaient adapter, dès janvier 1959 l’ancien Casino aux besoins spécifiques de la CECA. L’aménagement le plus spectaculaire est la construction de la terrasse couverte. L’ossature métallique marque l’importance que détient l’industrie sidérurgique dans la structure de la CECA. La transparence des grandes surfaces vitrées doit signifier l’idée de transparence de la société démocratique. Le lien avec l’Exposition de Bruxelles est encore attesté par la récupération de mobilier en provenance du pavillon de la CECA et en partie du pavillon luxembourgeois.

Forum d’Art contemporain

En 1979 surgit l’idée de raser le Casino et de le remplacer par un centre de jeux et de loisirs.

Le Foyer européen quitta son siège à la rue Notre-Dame en 1990. L’Etat envisageait alors de convertir l’immeuble en Maison de la Presse. La préparation de l’année culturelle 1995 éveilla l’intérêt pour récupérer les locaux comme lieu d’exposition. Le fondateur des Hallen für Neue Kunst, Urs Raussmuller en collaboration avec le bureau d’architecte Ballini & Pitt aménageaient 13 salles d’exposition au moyen de l’installation de cubes dans les salles existantes. Vu le succès de l’année culturelle, le Conseil des Ministres, donna son aval à la création de l’asbl « Casino Luxembourg ». Les locaux furent rafraîchis en 2001. En 2013, l’ancienne Salle Saint Hubert retrouvait, avec les transformations réalisées par l’architecte Claudine Kaell, sa configuration originale et devient Ca(fé)sino. Le rez-de-chaussée offre encore une bibliothèque spécialisée en art contemporain, une salle de projection « BlackBox » et un espace dédié aux activités pédagogiques. Le premier étage est exclusivement réservé à des expositions temporaires et thématiques. (Rolph)

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Historique